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Mais que vont bien pouvoir faire les supporters italiens pendant la Coupe du Monde ?

Ils ont entre 19 et 60 ans, viennent tous d’horizons ou de bords différents, et partagent tous cet amour inconditionnel pour l’équipe d’Italie. Mais pour la première fois de leur vie, ils ne verront pas leur équipe favorite disputer la Coupe du Monde. Ils racontent ce qu’ils ont prévu de faire cet été, à désormais quelques jours du Mondial.

Le 13 Novembre 2017, Gianluigi Buffon et ses coéquipiers étaient incapables d’inscrire ne serait-ce qu’un petit but face à une modeste équipe suédoise venue vaillamment défendre sa peau dans un San Siro pourtant déchainé. Un match nul et un triste 0 à 0, alors synonyme d’élimination pour le prochain Mondial en Russie. Une première pour un pays comme l’Italie, qui n’avait plus connu pareil événement depuis 1958 ! Mais depuis ce cataclysme international, 7 mois ce sont écoulés. La colère, les larmes et la désillusion se sont peu à peu estompés, et nos voisins transalpins se préparent donc tout doucement à suivre cette Coupe du Monde sans leur équipe fétiche. Une situation également partagée en France par certains fanatiques de la Nazionale, qui ont eux déjà quelques idées pour se préparer à survivre tout au long de la compétition.

« Je vais regarder le plus de matchs possible, par passion pour le football »

Sans surprise, la passion pour le foot obligera un bon nombre de partisans de la Squadra à suivre cette Coupe du Monde, à l’image de Nico, 19 ans, dont les 2 parents sont italiens et qui ne se voit pas pour autant rater la compétition. « Ma passion pour le sport est équivalente à ma passion pour l’Italie, donc je regarderais le mondial, même si je ne supporterais aucune équipe en particulier ». Un avis partagé par Valerio, qui lui aussi allumera sa télévision au mois de Juin : « je vais regarder le plus de matchs possible, bien qu’aucune équipe ne m’attire spécialement. Mais je serais dans une couverture de survie, en pleurs et en PLS » ironise tout de même le jeune homme de 21 ans.

Car si certains n’auront pas de difficultés pour suivre l’événement sportif de l’année, d’autres en revanche, auront un mal fou à contenir leurs émotions quand ils seront confortablement assis dans leurs canapés. « Je pense que je vais suivre » assure Lucas, la vingtaine, et qui s’identifie fortement à la Nazionale. « Mais je ne cache pas qu'il n'y aura aucun plaisir à le faire. On ne va pas vibrer de l'été, on ne va pas écouter l'hymne une seule fois, rien... C'est déprimant ! ». Un discours qui équivaut aussi pour Stéphanie, 36 ans et d’origine italienne, qui ne cache pas sa désillusion à l’approche de la date fatidique : « Je pense que je regarderais certains matchs, ça reste une Coupe du Monde, c’est quand même sympa à voir. Mais j'aurais les larmes aux yeux de ne pas entendre une seule fois l'hymne italien… ».

Supporter la France… ou espérer qu’elle ne gagne pas

Cyprien lui, suivra la plupart des matchs et sait déjà derrière quelle équipe il se rangera. « Je suivrai la compétition, et je supporterai la France, car c’est le pays ou je suis né et ou j’ai grandi » confirme le garçon de 22 ans qui habite aujourd’hui à Milan. Claudio, père de famille et grand fan de la Juventus, est aussi de cet avis la et espère bien voir les Bleus aller au bout en Russie : « Je vis en France, donc je supporterai les Bleus au Mondial. Et en tant que juventino, j’aimerai bien voir Matuidi soulever un autre trophée cet été ». D’autres en revanche, sont beaucoup plus réticent à l’idée de soutenir le groupe de Didier Deschamps.

Pour Rosario, qui regardera beaucoup de matchs, son « seul souhait est que l’équipe de France ne gagne pas ». Angelo, grand acharné de la Squadra Azzurra, et Jerome qui possède la double nationalité, partagent eux aussi la réflexion : « Je regarderai le match d’ouverture et la finale. Tant que la France ne gagne pas je m’en fou. Sinon ils vont nous en parler pendant 6000 ans jusqu’à la fin du monde… », affirme le premier. Pour le second, cette envie de ne pas voir les Français triompher vient d’un long traumatisme qui a commencé depuis son enfance : « quand j’étais petit, beaucoup se moquait de mon nom à consonance italienne, alors je me suis mis à supporter l’Italie. Et puis un jour, je fête pour un but de la Squadra, et mes camarades me tombent violemment dessus. Depuis ce jour, je suis devenu anti équipe de France ».

Se Choisir un outsider

Mais parmi tous ces supporters, quelques uns ont aussi pris le temps de soigneusement choisir les équipes qu’ils allaient soutenir, avec des noms comme le Maroc, l’Argentine et la Croatie qui reviennent en boucle. Pour Romain, c’est l’équipe Croate qui lui a tapé dans l’oeil. « Il y a beaucoup de joueurs que j’aime bien dans cette sélection, je trouve que l’équipe est jeune et prometteuse. Et au dernier euro ils méritaient vraiment d’aller plus loin», souligne celui dont la maman est italienne. Richard, 60 ans, sera aussi derrière la Croatie, mais également derrière le Maroc « en tant qu’équipe surprise et de talent ». Enfin, Gianni, passionné de Serie A, a lui jeté son dévolu sur l’équipe argentine, « puisque ce sont comme nos cousins, et qu’ils doivent remettre les pendules à l’heure face à l’Espagne ».

« J’ai pris 2 semaines de vacances au Canada »

Pour finir, la pilule n’a toujours pas réussi à passer chez les plus passionnés. Florian, jeune fan de la Nazionale, se coupera du monde et passera son été à jouer au ping pong. «Je l’ai deja fait quand l’Italie n’avait pas passer les poules en 2010 et 2014, donc je suis habitué » assure le garçon originaire de Perugia. D’autres en revanche, sont beaucoup plus radical et seraient prêt à tout pour éviter cette coupe du monde. C’est notamment le cas de Yohan, 21 ans, qui a tout planifié à l’avance. « Quand l’Italie n’a pas gagné contre la Suède ,j’ai pleuré toute la nuit et je ne suis pas sorti de chez moi pendant 3 jours, pour éviter les moqueries. Du coup, pour éviter tous ces matchs, j’ai décidé de rejoindre un pote qui fait ses études au Canada pendant 2 semaines », glisse le jeune homme qui vit près de Bourg-en-Bresse. Des exemples parmi tant d’autres, qui montrent à quel point le Mondial sera difficile pour tous ceux attachés à l’équipe d’Italie. Car oui, même si on a toujours du mal à s’y faire, la Nazionale ne sera pas du voyage en Russie cet été…

Boris Abbate