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Supporters parisiens, RÉGALEZ-VOUS !

Du Nord de l’Angleterre au Sud de l’Italie, jusqu’au centre de la Serbie, le PSG ira cette saison fouler trois des plus chaudes pelouses de cette Ligue des Champions version 2018/2019. Tour d’horizon et prise de température de ces trois stades mythiques, avec ces quelques veinards qui ont pu gouter, le temps d’une soirée ou d’une après-midi, ces atmosphères tout simplement inoubliables.

Le 30 Aout dernier dans la principauté, Diego Forlan et Ricardo Kaka avaient eu les mains parfaitement affutées lorsqu’il s’agissait de tirer les équipes qui figureraient dans le groupe du Paris Saint Germain pour cette nouvelle édition de la Champions League. Résultat, les Parisiens n’ont pas du tout été gâtés par le tirage, et les clubs qui croiseront la route du dernier champion de France dans ce groupe C ne sont autres que Liverpool, le finaliste de la dernière édition, le Napoli, vice-champion d’Italie, et la légendaire Etoile Rouge de Belgrade, qui retrouve les joies de la C1 après 26 ans d’absence.

Trois adversaires, six matchs, et trois déplacements périlleux qui devraient ravir les plus fidèles supporters de la capitale. Car si Liverpool reste un favori crédible pour la victoire finale, mais que le Napoli ne semble pas avoir les moyens de titiller les mastodontes de la compétition et que les Serbes font office de petit Poucet dans cette édition, les Parisiens gouteront tout de même à ce qu’il se fait de mieux en matière d’ambiance et de spectacle sur la planète football. Avec trois stades légendaires, certes parfois vétustes, passés de mode et en piteux états, mais avec une ora et une âme que tout bon fanatique de football devrait au moins une fois connaitre dans sa vie.

Anfield, ce stade mythique


A Liverpool, sur la rive Est et Nord de l'estuaire du fleuve Mersey, il y a les Beattles, Steven Gerrard, et puis Anfield, historique demeure et antre majestueuse des Red’s. Drôle d’histoire d’ailleurs, celle d’Anfield Road, quand on apprend avec un petit sourire au coin de la bouche que l’enceinte appartenait tout d’abord aux voisins et ennemis… d’Everton, avant que ces derniers ne déménagent à peine quelques mètres plus loin du coté de Goodison Park, vers la fin du 19 ème siècle. Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, malgré ce passage un poil titillant de l’histoire, qu’Anfield est surement le stade le plus emblématique d’Angleterre. 

Est-ce à cause de tous ces kilomètres de maisons en brique rouge aux alentours, autrefois lieu de résidence des « célèbres » dockers de la villes, ou alors avec ces fameux pubs qui l’entourent, que l’arène est devenue aussi charismatique ? Le doute persiste, mais il suffit seulement de quelques minutes passées dans le quartier pour saisir cette magie rouge qui s’y dégage. Lucas se souvient d’ailleurs très bien de sa première fois à Anfield. « J’étais aller voir un vieux match de FA Cup, contre une équipe de D4, Plymouth ou quelque chose dans le genre. L’ambiance était dingue et le stade était plein ! Mais ce qui marque en premier, ce sont les rues autour, qui n'ont pas changé depuis un siècle, des maisons en brique rouge à perte de vue, c’est saisissant » se souvient ce fan absolu de Liverpool.

Mais la magie ne s’arrête pas la, et puisque ici, plus que partout ailleurs, toute belle histoire commence par une musique, il était évident qu’une certaine mélodie allait pousser la légende encore plus loin. Surtout quand en 1965 le groupe britannique Gerry and the Pacemakers reprend la célèbre chanson You'll Never Walk Alone. Un quart de siècle plus tard, la chanson est mondialement connue et fait surtout référence aux chants d’avant matchs des supporters des Reds, repris acapella par tout Anfield.

«Chanter le YNWA à Anfield c'est mythique, indescriptible, émouvant et impressionnant. J’en ai encore des frissons, rien que d’en parler » se remémore Brice, pris d’un amour impassible pour le club depuis une certaine finale de 2005. « Rien que pour les 3 minutes d'avant match ça vaut le coup d'y aller. Ce chant vous prend les tripes » rajoute le bonhomme originaire de Lyon. « C’est clair que l'atmosphère et l'ambiance dans ce stade est incomparable à tout ce qui existe ailleurs. Tout fan de foot doit faire un saut dans ce stade mythique, au moins une fois dans sa vie. J’étais au match contre Norwich, où Luis Suarez met son fameux quadruplé. Le You'll never walk alone en direct, le Kop, la chanson pour Gerrard ou le I just can't get enough pour Luis Suarez. C’est clairement inoubliable » rajoute Théo, qui avait rallier la ville pour y faire ses études. Un stade et une atmosphère particulière donc, qui devrait aussi marquer les quelques 2500 supporters français qui ont fait le déplacement depuis Paris, prêt à revenir avec des étoiles pleins la tête.

« Pour moi il y a la Bombonera, et puis le San Paolo »


Des centaines de kilomètres plus au Sud, en traversant la Manche puis la Méditerranée, se dresse une étonnante structure habillée de fer et de béton. On pourrait la croire vouée à l’abandon, ou alors sur le point d’être détruite, mais cette armature si peu sexy est bel est bien l’enceinte du Napoli. « Qu’on se le dise dès le début » prévient Enzo, « le San Paolo ne fait pas rêver vu de l’extérieur. Mais deux choses rendent ce stade unique : l’incroyable chaleur de ses supporters et cette acoustique si spéciale qui résonne à l’intérieur. 

Quiconque vient ici reste fasciné par cette ambiance. Ecoutez juste l’hurlement des tribunes à la fin de la musique de la Champions League, et vous comprendrez qu’ici on ne rigole pas » poursuit le napolitain aujourd’hui exilé en France. Sorti de terre en 1959, le San Paolo n’a effectivement pas beaucoup changé depuis, hormis son nombre de place qui s’est vu rabaissé à 60 000 sièges pour des normes de sécurité. Mais ici, comme pour rappeler qu’à Naples il faut toujours se méfier des apparences, il faut toujours s’y tenir à deux fois avant de juger quelque chose. « Son coté vétuste lui rajoute au final beaucoup de charme » nous glisse Florian, « et puis ici tout le monde est fou. Ça fume, ça boit, ça chante et ça saute dans tous les sens » enchaine celui qui a pu assisté au match contre Bologne il y a de ça deux saisons.

« La gestion du stade est désastreuse, c’est sale et les toilettes sont dégueulasses. Mais mis à part ça, l’ambiance est supérieur à 99% des stades de France. Et je viens de Marseille, donc niveau ambiance, je m’y connais » précise quant à lui Kévin, qui a pu gouter à plusieurs rencontres du Napoli. « Pour moi, il y a la Bombonera, et puis le San Paolo. J’ai eu la chance de faire la Napoli-Juve il y a 3 ans, c’était complètement fou, je n’avais jamais vu un tel spectacle. Il y a cette piste d’athlétisme qui gâche un peu tout, c’est vrai. Mais en la regardant, tu revois ces images de journalistes qui courent après Maradona quand ce dernier va fêter un but, et tu te rends compte que ce stade transpire vraiment l’histoire » nous rappelle lui Paolo, qui est souvent de passage du coté du Vésuve. Ce stade, si particulier, qui mêle passion, folie et histoire, les Parisiens le découvriront début Novembre, avant de terminer cette phase de groupe du coté de Belgrade, dans ce qui reste surement aujourd’hui l’un des stades les plus atypiques en Europe.

L’enfer du « Marakana »


Un tunnel étroit, lugubre et couvert de graffitis devenu célèbre, des centaines de soldats postés à chaque endroit de l’enceinte, plus de 55 000 supporters déchainés et en communion, et une immense marée de fumé et de couleurs. Oui, vous avez sans doute déjà entendu parler du mythique stade Rajko Mitic, plus communément appelé Marakana (pour sa grandeur) en hommage à son homologue brésilien.

C’est ici que joue l’Etoile Rouge de Belgrade, ce mythique club serbe au palmarès tellement important qu’il serait difficile de l’énumérer entièrement (vainqueur de l’ancienne Champions League et de l’intercontinentale en 1991, entre autre). Des matchs légendaires, ici, il y en a eu pléthore. Et depuis la finale du championnat d’Europe des nations de 1976, où un certain Antonin Panenka inscrira un but qui le rendra définitivement célèbre, une certaine magie a semble-t-elle envouté les lieus, pour ne plus jamais repartir. Pourtant, à l’instar du San Paolo, le Rajko Mitic fait plutôt peine à voir de l’extérieur. « Si vous vous fiez à sa façade en ruine et ses sièges cassés, vous n’y mettrez jamais les pieds. Mais si vous vous fiez à l’ambiance et à l’histoire qui anime le stade, vous allez adorer » nous assure Marina, spécialiste de voyage improbables dans les Balkans, avant de poursuivre « si vous êtes de passage à Belgrade, vérifiez s’il n’y a pas un match de prévu, et ne le ratez pas ! Même si vous n’aimez pas le football, l’ambiance et les supporters sont ici époustouflants ».

Romain, la trentaine et passionné de football de l’Est partage également l’avis : « ce n’est pas le stade le plus moderne, ni le plus soigné. Mais il transmet toute la passion d’une équipe historique. J’ai pu y voir un match d’Europa League contre le CSKA, les supporters sont incroyables ». Mais ce spectacle, les fans du PSG ne pourront surement pas y accéder, du moins en groupe, pour des raisons de sécurités. Car comme dans de nombreux stades d’Europe de l’Est, le Marakana traine une image d’arène hostile et dangereuse. « C’est vrai que quand j’y suis allé, je ne m’attendais pas à voir autant de soldats, je n’en ai d’ailleurs jamais vu autant. Mais à part ça et l’importante fumée des fumigènes, c’est plutôt normal. Il y aura toujours des gens qui vous influenceront, qui vous diront que c’est dangereux, mais c’est typiquement des gens qui ne connaissent rien. Il faut tester et profiter » rajoute Marina.

De Liverpool, à Naples et Belgrade, le parcours du PSG dans cette phase de poule offrira quoiqu’il arrive un très grand spectacle, que ce soit sur le terrain ou dans les tribunes. Et si par tout hasard l’envie vous prend d’aller dans un de ces stades mythiques, choisissez bien, il y en a pour tous les gouts !

Boris Abbate